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« Se faire conseiller pour dégager plus de revenu »

Diagnostic. Le Gaec Girardin a choisi le conseil pluridisciplinaire Agrilean pour gérer une croissance d’un tiers de sa production, dans le cadre d’une installation. Les progrès notables de pratiques et de résultats ont convaincu les éleveurs de continuer le suivi.

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Virginie et Franck Girardin ont créé leur Gaec en 2013, à l’installation de Virginie. Jusque-là, l’éleveuse était restée conjointe d’exploitant, faute de foncier disponible. « J’étais en exploitation individuelle et nous n’avions jamais trouvé la surface minimale requise pour que Virginie s’installe, relate Franck. Le projet a pu enfin se concrétiser grâce à l’attribution de lait aux jeunes agriculteurs du bassin Grand Est. »

Cette perspective de produire jusqu’à 90 000 litres de lait en plus se dessine en 2012. Le bâtiment laitier en système lisier, créé en 2006, a été prévu pour être rallongé et adapté à une croissance du troupeau (celui-ci compte 33 vaches en 2012, pour 245 000 litres de lait produits).

« Rester cohérent avec une structure qui allait s’intensifier »

En revanche, sans surface supplé­mentaire, le foncier s’annonce le facteur limitant. Car les 75 ha de la ferme présentent une contrainte majeure : un parcellaire éclaté et en partie éloigné, avec des terres superficielles. En outre, le couple souhaite optimiser son temps de travail. Parents de quatre enfants, ils ont divers engagements à l’extérieur de l’exploitation : Virginie anime des cours hebdomadaires de fitness, Franck est engagé dans la fruitière du village et dans le réseau Cuma local, après y avoir été actif au niveau régional.

« Nous avons commencé à réfléchir à l’installation et avons senti le besoin d’un coup de main. Nous sommes bons éleveurs… mais nous ne savons pas gérer tous les aspects d’un tel projet, souligne Franck. Nous avons donc demandé le conseil Agrilean, qui a débuté fin 2012. »

Cette intervention simultanée des conseillers de CERFrance, du Conseil élevage et de la chambre d’agriculture permet d’établir un diagnostic global de l’exploitation, suivi d’un plan d’actions (lire encadré p. 106). En 2012, la ferme Girardin dégageait 50 000 € d’EBE (41 % du produit). Les conseillers ont déterminé « comment rester cohérent avec une structure qui allait s’intensifier avec 30 % de lait en plus, et dégager un bon niveau d’excédent brut d’exploitation. Sa hausse devait permettre la rémunération du nouvel associé, les remboursements d’investissements pour loger plus d’animaux, et l’amélioration de la situation financière à court terme », décrit Jean-Paul Roumet, conseiller d’entreprise à la chambre interdépartementale d’agriculture du Doubs-Territoire de Belfort. La sécurisation fourragère du système – comprenant une rationalisation du pâturage et la mise en place de l’affouragement en vert pour répondre à la contrainte foncière –, l’amélioration de la qualité du lait et l’optimisation de l’utilisation de matériel comptent parmi les solutions mises progressivement en œuvre par les exploitants dans le cadre du plan d’actions. Satisfait par ce premier accompagnement Agrilean, le couple a choisi de recourir de nouveau à ce conseil en 2015, puis en 2017 sous forme d’audit. De quoi consolider la progression de leur exploitation. Celle-ci a doublé son EBE en 2015-2016 (96 000 €, 39 % du produit).

« Le coût d’Agrilean est vite remboursé »

« Agrilean est un vrai partenariat avec les conseillers des différents organismes. Chaque rendez-vous est un échange sur des questions nouvelles, pour trouver des solutions ensemble. C’est là que nous gagnons de l’argent ! Le coût de ce service [NDLR : 762 € à la charge de l’agriculteur après déduction de l’aide de la Région] est vite remboursé ! » explique Franck. Et de souligner qu’acheter l’engrais azoté pour les prairies en novembre, nouvelle stratégie adoptée l’an dernier, « a justement permis de gagner 800 € nets ». Dès le plan d’actions à l’installation, le couple a dû remettre en cause des pratiques fondamentales.

Certes, il fallait élever 15 vaches laitières en plus. Mais en même temps, « il était indispensable de ne pas avoir un taux d’élevage supérieur à 45 %, afin d’assurer la sécurité fourragère. Nous avons beaucoup insisté là-dessus et sur l’âge au premier vêlage (28-31 mois), dans l’objectif qu’il n’y ait pas d’UGB improductif », pointe Jean-Paul Roumet. « Alors j’ai dû modifier mes priorités, explique Franck, éleveur dans l’âme. J’avais l’habitude d’élever toutes les femelles, et même de racheter des génisses à l’extérieur pour quelques ventes à l’export à 36 mois. Lorsqu’on nous a dit qu’il fallait moins de génisses, ça a été difficile à entendre. Mais nous avons vu que ça fonctionnait au niveau des résultats, alors on progresse dans cette direction. » Et le Gaec voit l’intérêt de cette stratégie face à la sécheresse de cet été.

« Si j’avais continué à élever, j’aurais été contraint cette année de faire un emprunt pour acheter de la paille ! Grâce aux modifications conduites via Agrilean, je n’ai pas eu à entamer mes stocks de foin et deux camions de paille devraient me suffire à passer l’hiver. Toutefois, j’ai encore trop d’animaux… » En parallèle, pour optimiser l’aspect alimentaire, un travail de valorisation de la ration de base et d’ajustement des concentrés est mené. « Le Dac installé en 2015 permet de bloquer les quantités distribuées. Avant, je rajoutais du concentré à certaines vaches, au-delà de leurs besoins », sourit Franck.

Dans le même esprit, la fertilisation des prairies est revue, avec le choix d’engrais simples. Cet engagement des agriculteurs à optimiser leur système a été une force pour discuter avec la banque. Ils ont obtenu un prêt de trésorerie et un prêt pour l’achat d’un tracteur d’occasion. « Les 65 000 € pour cet investissement nous ont été accordés car nous étions accompagnés par les conseillers. C’est bien plus facile de demander cette somme si l’on n’est pas seul », constate l’éleveur. Enfin, il souligne que le suivi a mis en lumière un point qu’il n’aurait pas décelé seul.

« Nous devons encore optimiser nos résultats »

« Thierry Perraudin, conseiller au CERFrance Alliance comtoise, m’a montré que mon tracteur de 32 ans, utilisé juste pour déplacer les balles de foin, me coûtait très cher en entretien, alors qu’il n’avait plus de valeur. Le remplacer par ce nouveau 100 ch d’occasion permet de faire des économies. Je ne m’en doutais pas », explique l’agriculteur, qui a recours à la Cuma pour l’essentiel de ses matériels.

La rénovation d’une partie des prairies temporaires, pour une meilleure productivité et résistance à la sécheresse, est à l’étude.

« Avec le vivant, il y a toujours une interrogation nouvelle. Et comme nous nous sommes équipés pour disposer d’un bon confort de travail, et voulons assurer les prélèvements privés, nous devons optimiser nos résultats », considère Franck Girardin.

Catherine Regnard
Des marges de progrès possibles sur le taux d’élevage et l’alimentation Principales variables explicatives de l’EBE, retenues par la chambre d’agriculture en système foin-regain.
EXPLOITATION GIRARDIN REPÈRE AGRILEAN
2012 2014 2015 2016 Minimum Optimum
Productivité laitière/vache présente/an 7 400 l 6 880 l 6 740 l 6 870 l 6 950 l 7 000 l
Taux d’élevage 56  % 61 % 58 % 50 % 44 % 28 %
Alimentation : concentrés/litres - 240 g 210 g 254 g 229 g 208 g
Fertilisation azotée sur prairies/ha - 102 € 93 € 68 € - -
Pourcentage de sols profonds(1) - - - 5 % 81 % 84 %
Pourcentage de prairies < 5 ans(1) - - - 12 % 34 % 60 %
Traction  par hectare (1) - - - 3 ch 6,7 ch 3,1 ch
(1) Nouveaux critères utilisés depuis 2016.

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